Le château de Largentière au travers de l'histoire

On distingue plusieurs phases dans l’utilisation et la construction du château : – La tour « argentière » dont l’existence est attestée en 1210 par un accord entre l’évêque et le comte de Toulouse, elle devient par la suite le donjon du château. Cette tour romane se caractérise par ses murs de 3 mètres d’épaisseur appareillés en moellons à bossage et par l’absence de toute ornementation extérieure hors une arcade en plein cintre. L’accès se faisait uniquement par le premier étage dont le sol reposait sur une voûte ; les étages supérieurs à l’origine sur plancher étant reliés entre eux par un escalier à vis dans l’épaisseur du mur. À son sommet, à plus de 30 mètres, une toiture surbaissée à quatre pans surmontait de larges baies. – une seconde tour est construite à côté (Sud) de la tour Argentière au début du XIIe siècle par le comte de Toulouse, dont il ne subsiste aujourd’hui que le soubassement, en forme de terrasse semi-circulaire en avant de la cour supérieure. Cette tour était liée à une première enceinte enserrant le donjon épiscopal. À la même période, deux autres co-seigneurs, Adhémar de Poitiers et Bermond d’Anduze, élèvent deux tours rondes à l’Est. Ces deux tours se trouvent alors en avant de l’enceinte castrale dont elles protègent l’accès. Après la fin de la croisade des Albigeois qui soumet le Comté de Toulouse au pouvoir du Roi de France, l’Evêque de Viviers demeure seul possesseur des mines et de l’ensemble castral.

– Les évêques Jean de Montchenu et Claude de Tournon renforcent l’enceinte et agrandissent le château à la fin du XV siècle, comme en atteste l’inscription datée 1481 qui attribue cette réalisation à « Me Renaud et ses compagnons ». Ils intègrent à l’enceinte fortifiée les deux tours jumelles qui surplombent désormais la porte principale, construisent le corps de bâtiment dit « tour pentagonale » qui relie ces tours au donjon. Si la structure est complexe, l’ensemble se présente désormais comme un château unique. L’autonomie est accrue par un puit creusé jusqu’au niveau de la rivière. – Après une longue période d’abandon, qu’avaient précédé les guerres de religion, le marquis de Brison rachète en 1716 le château aux évêques de Viviers. Ces derniers vont employer les 144 000 livres provenant de la vente à l’édification de leur nouveau palais épiscopal : l’actuel Hôtel de ville de Viviers. Brison remet en état et transforme l’ancienne construction médiévale en une moderne demeure seigneuriale dotée de tous les aménagements l’autorisant à recevoir selon son rang et permettant à sa famille de vivre confortablement. L’enceinte basse est alors transformée en un perron doté d’un double escalier monumental, deux étages sont élevés au-dessus de l’ensemble reliant les tours jumelles au corps principal et entre elles, la façade principale est transformée et cadencée de larges baies éclairant de vastes pièces de réception, des terrasses sont construites et des jardins agencés.

– La Révolution et l’Empire transforment le château en tribunal et prison. Il le reste jusqu’en 1847, ses propriétaires revenus après la Restauration le louant à cet usage. Si cette période apporte peu de modifications architecturales, elle voit la dégradation progressive de l’ancienne demeure. – En 1847, la ville de Largentière rachète le château pour en faire un hôpital. Le bâtiment est agrandi en 1858 par l’élévation de deux étages supplémentaires, d’abord couverts d’une terrasse, puis finalement d’une toiture englobant et recouvrant le donjon. Celui dernier disparaît alors à toute vue extérieure.

– Au XXe siècle des bâtiments annexes sont accolés au château le long de la route de Tauriers et des balcons en ciment sont ajoutés à la façade Sud-Ouest. – En 1928 le « château ancien » est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. – En 1996, après avoir hébergé durant 140 ans l’hôpital-hospice, le château est restitué à la commune. Les transformations subies, le manque d’entretien qui a précédé la fermeture de l’hôpital et une temporaire utilisation par le lycée hôtelier, en ont largement dénaturé l’intérieur et l’une des façades. – Aujourd’hui, le monument est hors d’eau hors d’air grâce à d’importants travaux de sauvegarde. Un plan de restauration est en cours pour restituer au public ce bien exceptionnel. – Tous les étés les extérieurs du château accueillent des animations médiévales « le temps des chevaliers » proposées par l’association Au-delà du temps et une pièce du rez-de-chaussée du monument reçoit l’exposition « 1000 ans l’histoire » proposée par l’association de Sauvegarde du patrimoine largentiérois. Ainsi les visiteurs peuvent approcher le monument en attendant de pouvoir le visiter.

Close Search Window